Les SMS sont de plus en plus utilisés à des fins de marketing politique. Endre Danyi, sociologue et membre de l’association e-Democracy de Hongrie, remarque dans une interview[1] que de nombreux calembours politiques ont circulé via SMS avant le premier tour des élections hongroises en avril 2002 et même, « quelques partis politiques ont utilisé des messages SMS pour appeler leurs supporters à se rendre à des manifestations et des messages politiques –y compris des poèmes- ont circulé ainsi. »
Ces élections sont relativement intéressantes, car même si l´on considère souvent la Hongrie comme un pays de l´est qui commence à s´ouvrir, les nouveaux medias y ont joué un rôle important.
Après le premier tour du scrutin, le parti d’opposition (le parti socialiste) et leurs alliés ont obtenu 51% des voix, contre 49% pour le parti conservateur au pouvoir (Fidesz – Alliance des jeunes démocrates). A la vue de la situation, le parti au pouvoir a dû changer sa stratégie de communication et s’est lancé dans une campagne extrêmement négative. Des millions de prospectus et posters anonymes ont été diffusés et ont répandu des pseudo-arguments et des calomnies insidieuses sur les socialistes. Sur Internet, les mêmes messages négatifs étaient répandus, mais aussi via les SMS et les envois de mails par des militants de droite. Les sympathisants socialistes ont répliqué avec des millions de contre-SMS et mails.
Entre les deux tours de l´élection hongroise, 3 types majeurs de messages électroniques de campagne ont été identifiés:
- messages de propagande.
- messages humoristiques ou satiriques.
- messages d’action.
Ces trois types de messages ont circulé en très grande quantité. Le trafic SMS a même augmenté de près de 20% entre les deux tours des élections (7 et 21 avril 2002) !
Les messages d’action ont servis d’outil de mobilisation pour les manifestations publiques et les meetings politiques. Quelques heures ont suffi pour rassembler une foule de quatre à cinq mille personnes sur une place. Les SMS d’actions ont aussi contribué à la mobilisation d’énormes rassemblements de plusieurs centaines de milliers de personnes. Entre les deux tours des élections, tous les partis ont utilisé des SMS d’action pour la mobilisation politique.
Parmi les 6 ou 7 plus importants partis, 4 avaient complètement refait leur site Internet, ajouté du contenu, de toutes nouvelles applications …etc. Ils ont, semble-t-il, dépensé d’importantes sommes d’argent.
Durant la campagne cependant, les sites de partis et le contenu fourni n’étaient que des substituts de matériaux de campagne déjà connus et utilisé offline (brochures, tracts, lettres d’information). Ils ne représentaient rien de vraiment nouveau ; le poids mis sur l’interaction n’était pas vraiment significatif.
Puis, d’un seul coup, les applications de communication « peer-to-peer » ont occupé le devant de la scène. De toute évidence, ces messages envoyés par email et SMS représentaient un flux d’information ascendant, en provenance directe de la population. Ces messages étaient incontrôlables. Les experts dans chaque parti ne savaient pas comment réagir par rapport à ce phénomène. Ils essayent toujours de comprendre d’ailleurs.
Nous avons aussi la preuve que les spécialistes de la communication dans chaque parti créent des messages qui sont distribués aux militants. En d’autres termes, le marketing politique viral est partiellement créé par les états-majors de partis, mais ce sont les militants et les sympathisants qui ensuite jouent un rôle clé dans la distribution de ces messages et la création de variantes. Les partis ne peuvent pas contrôler intégralement le domaine de la politique virale qui représente une variable très incertaine.
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